Le village est en tout premier lieu un fait de civilisation, et plus spécifiquement d'une civilisation agraire. Avant tout consacré à l'agriculture, le village traditionnel est une communauté de travail.

Le village de la plaine d'Alsace n'est jamais isolé. Les villages sont généralement regroupé en une multitude de petites agglomérations (généralement moins de 700 personnes) espacé au maximum de 4 à 5 Km. Dans certaines régions du Kochersberg et des collines de Brumath l'espacement se réduit bien souvent à un ou 2 Km.

Il a été établi une typologie des différentes formes spatiales des villages.

1. Les villages-rues (Strossedorf) égrènent leurs bâtis le long d'une unique rue. Les exemples les plus connus en Alsace sont Schleithal (Outre-Forêt) et Gommersdorf (Sundgau).
   
2. Les villages-tas (Hüffedorf) très ramassés sur eux-mêmes, avec des maisons pelotonnées autour de l'église et son cimetière (Willgottheim - Kochersberg)

On peut y rajouter les villages-échelles, les villages "damiers" …

Mais, une étude détaillée des villages sur les 3 derniers siècles nous montre que toutes ces catégories ne sont que le reflet de la forme spatiale des villages à une époque donnée.

Il faut alors rechercher la raison d'être du paysage villageois actuel, en reconstituer la société et le bâti à des époques données. Alors tout devient clair et les constructions dont le contenu actuel ne répond pas toujours à leur destination première reprennent vie. C'est une démarche plus ou moins certaine, mais on peut retrouver la place du corps de gardes, de l'école, de l'église…, reconstituer les principaux cheminements sur lesquels s'est édifiée la vie de la communauté.

Une des caractéristiques du village alsacien c'est l'absence de place, les places existantes sont bien souvent des créations du 20^ème siècle. Autre caractéristique, la plupart des villages eurent à l'aube du 18^ème siécle une clôture composée soit d'un fossé, d'une levée de terre, d'un simple lattis, d'une haie vive, avec "des portes entrées" (Dorf Serre). Ces clôtures englobaient l'aire du village (Dorf Etter ou Dorf Jtter) qui comprenait les espaces bâtis, les potagers et la ceinture de vergers. Cet ensemble ainsi constitué était soustrait aux contraintes de type communautaire tel que l'assolement.

La configuration spatiale matérialise la structure sociale et religieuse de la communauté villageoise. Les maisons ou fermes les plus spacieuses se regroupent généralement dans le noyau du village, les maisons et fermes plus modestes des petits exploitants et des journaliers s'alignent le long des sorties ou des entrées du village.

Pour le village de Wahlenheim il est bien difficile de déterminer le ou les éléments fondateur particuliers. Mais la création du village est très certainement due à l'installation d'une tenure ou manse pour l'exploitation agricole, qui sous l'empire Carolingiens se fractionne.

L'empire Carolingiens provoqua le renouvellement des lettres (apparition de Wahlenheim dans des actes en 774), mais aussi un accroissement important de la propriété temporelle de l'église par des donations de biens fonciers à des abbayes ou églises.

La configuration des corps de fermes dépend d'un certain nombre de facteurs, ce qui n'empêche pas qu'ils conservent une certaine unité de conception et d'aspect.

Dans la majeure partie des villages de la plaine d'Alsace la ferme est composée d'une maison d'habitation orientée pignon sur rue, l'accès à la maison se faisant latéralement par la cour, avec une grange orientée parallèlement à la rue et située au fond de la cour, d'une étable - écurie faisant face à la maison d'habitation. Les fermes plus modestes regroupant étable et grange en fond de cour. Ces schémas types pouvant avoir de nombreuses variantes en fonction de la forme du terrain et de l'importance de l'exploitation agricole. Ces types de disposition permettaient non seulement une exploitation rationnelle, mais rendait possible une construction échelonnée des bâtiments, une croissance organique de l'ensemble au cours des années selon l'évolution du train de culture.

Typologie des corps de fermes

On constate qu'en 1666 la structure bâtie du village de Wahlenheim est moins dense que celle des villages de Batzendorf et Wintershouse. Bien qu'il faille noter que Wintershouse doit avoir une population de ¾ supérieure à celle de Wahlenheim et Batzendorf plus du triple. A Wahlenheim, les fermes sont bien pourvues en bâtiments exploitations. 66,6 % possèdent une grange et une étable. Dans les villages voisins de Batzendorf et Wintershouse la présence d'un nombre important d'artisans et de journaliers doit contribuer à ce faible pourcentage d'exploitations agricoles complètes, et au fort pourcentage de maisons sans aucun bâtiment agricole. D'ailleurs d'après le terrier de 1723 il existe à Wahlenheim 6 maisons sans aucun bâtiment d'exploitation.

D'après un état du 2 janvier 1819, 5 particuliers doivent une rente foncière à la commune de Wahlenheim pour l'exercice de 1818.

Simphorien BOLLEY (s'Zimbers) 2, 40 frs
Georges KLEITZ 2, 40 frs
Antoine LOTZ (s'Looresseppe) 4, 00 frs
Antoine WERLING (s'Schmittsepps) 3, 00 frs
WEBER Michel (s'Keffers) 5, 00 frs

En 1860, les propriétaires veulent racheter les rentes foncières. Lors de la séance du conseil municipal du 25 novembre 1860 le conseil donne son accord, pour éviter les frais de renouvellement des titres.
Dans sa séance du 21 avril 1861, le conseil municipal arrête la liquidation de chacune des rentes de la manière qui suit, à savoir :
1) celle de quatre francs due par LOTZ Antoine à 80 frs
2) celle de trois francs due par BUR Joseph à 60 frs
3) celle de deux francs 40 cent. due par BOLLEY François à 48 frs
4) celle de cinq francs due par WEBER Antoine à 100 frs
5) celle de deux francs 40 cent. due par MATHERN Antoine à 48 frs.

Photo prise en 1938 par le Commandant d'aviation MATHERN Rémy de Bernolsheim

En 1953.
Entre 1900 et 1953 le village était presque immobile, à part quelques opérations de démolition reconstruction et les réparations de la seconde guerre mondiale il n'y a pas eu de nouvelle construction.

En 1981, le village a changé de visage. Avec la construction des premières maisons individuelles au milieu des années 60 redémarre l'expansion du village pour atteindre un maximum en 1981 par l'achèvement du lotissement communal comprenant plus de 20 lots. Ce lotissement forme un appendice à la structure séculaire du village.

Entre 1981 et 1998 le village grandit au rythme de 1 à 2 maisons par an avec un passage à vide au milieu des années 90. Les dernières maisons individuelles ont été construites à la limite du territoire communal en direction de la commune de Bernolsheim.

En 1990 Wahlenheim compte 96 résidences principales, dont 86 maisons individuelles et 8 fermes. 89 logements étant en pleine propriété, 4 en locations et 3 des occupations à titre gracieux.

Epoque d'achèvement des logements (101 en 1989, d'après l'INSEE)
Avant 1949 : 33 1975 et 1981 : 33 1990 et 1998 : 11
1949 et 1974 : 19 1982 et 1989 : 16

Wahlenheim en 1998. Photo Wilhelm